Mélanges céréales-légumineuses

[PUBLICATION] - Mélanges céréales-légumineuses : Une piste prometteuse pour réduire l’usage des pesticides et améliorer la gestion des bioagresseurs

Les cultures associées, telles que les mélanges céréales-légumineuses, sont prometteuses pour réduire l’utilisation et la dépendance aux pesticides chimiques. Bien que ces pratiques gagnent du terrain, leur adoption reste limitée en raison de freins techniques, économiques et cognitifs.

Cet article, issu des travaux d'Elodie Yan, dans le cadre du projet MOBIDIV et supervisé par Philippe Martin et Marco Carozzi, explorent les bénéfices et les freins liés à l’adoption des cultures associées en France. L’article s’intéresse aux caractéristiques des fermes françaises adoptant des mélanges céréales-légumineuses.

En s’appuyant sur des données de recensement agricole pour 43 968 exploitations agricoles représentatives des systèmes agricoles français (grandes cultures, élevage et polyculture-élevage) et grâce à une analyse bibliographique poussée, l’étude a identifié de nombreux facteurs clés liés à la présence de mélanges céréales-légumineuses.

Pourquoi cette pratique est essentielle pour l’agriculture française ?

L’association céréales-légumineuses offre des avantages multiples :

  • Réduction des pesticides : La diversification des cultures améliore la couverture des sols, limite la propagation des maladies et des ravageurs, et diminue l’usage des produits chimiques.
  • Autonomie alimentaire : Ces associations permettent aux exploitations d’être plus indépendantes des concentrés importés, un avantage stratégique pour les fermes d’élevage.
  • Amélioration des rendements : Les cultures combinées augmentent la qualité des récoltes, notamment la teneur en protéines des céréales, tout en réduisant l’appauvrissement des sols.

Résultats clés et dynamiques observées dans l’étude :

L’étude a mis en évidence que :

  • Les exploitations certifiées Agriculture Biologique (ou en conversion) et les exploitations de polyculture-élevage sont les principales impliquées et concernées par le recours aux mélanges, notamment les exploitations autosuffisantes en concentrés.
  • Le rôle des coopératives, les groupes et les échanges entre pairs facilitent l’accès à des équipements spécifiques et permettent de lever de nombreux obstacles techniques liés au semis, à la récolte et au tri des mélanges. Les échanges entre agriculteurs et le partage d’expériences apparaissent comme des moteurs d’innovation pour apporter des solutions à ces freins techniques.
  • Les compositions des mélanges évoluent selon les expériences, les contraintes et les objectifs des exploitants, ainsi que les débouchés et les usages.

Quelles perspectives ?

Si le recours aux mélanges céréales-légumineuses connaît une croissance prometteuse (+178 % entre 2015 et 2021), elle reste encore faible (1 % des terres arables françaises en 2021).

Figure : Evolution des cultures en mélange en France de 2015 à 2021
Carte de France permettant de visualiser l'évolution des cultures en mélange en 2015, 2018 et 2021 © E. Yan et al.

© E. Yan et al.

Pour favoriser son adoption, l’étude met en lumière plusieurs perspectives :

  • Développer les débouchés commerciaux : Les circuits locaux et les coopératives doivent être mieux adaptés aux cultures en mélanges.
  • Soutenir les innovations locales : Encourager les groupes d’agriculteurs à partager leurs expériences pour lever les freins techniques et économiques.
  • Promouvoir la pratique via des politiques publiques : Intégrer des incitations dans les dispositifs agroécologiques nationaux et européens.

 

Par cette étude multi-échelles, de la parcelle au territoire, le projet MOBIDIV illustre ici l’importance des approches transdisciplinaires pour accélérer la transition agroécologique et réduire la dépendance aux intrants chimiques. Une étape clé pour réduire l’utilisation des pesticides tout en relevant d’autres enjeux comme l’adaptation au dérèglement climatique. 

Voir l'article : https://hal.inrae.fr/hal-04801626v1